La pédagogie Montessori, comme tout type d’éducation alternatif, subit de nombreux préjugés. On entend régulièrement, par des individus relativement peu informés, que les parents qui suivent la pédagogie Montessori ne refusent jamais rien à leurs enfants ; qu’ils ne disent jamais non à leurs « enfants rois ». Alors, qu’en est-il vraiment ? Maria Montessori a-t-elle proscrit le non ?
Un non n’est jamais très agréable à entendre, que l’on soit un enfant ou un adulte. On peut se sentir mal compris, contraint. Petit, on peut le ressentir comme une humiliation ou comme un évènement culpabilisant.
Il est vrai que dans la pédagogie Montessori, on l’évite donc dans la mesure du possible. Ainsi, un grand pan de l’éducation est consacré à la mise en place d’un environnement adapté à l’enfant qui limitera au maximum les frustrations. La patience et les solutions alternatives peuvent aussi parfois permettre d’éviter ces situations. Cependant, si certains enfants sont réceptifs, d’autres essayeront de contourner systématiquement les interdits, certains écouteront attentivement les choix qu’on leur propose, d’autres en proposeront d’autres… De temps en temps, certains enfants sont fatigués et ne sont plus réceptifs… Il n’y a malheureusement pas de formule magique, mais uniquement des questions réflexes que l’on peut se poser pour chaque situation particulière. Vous pouvez proposer un choix : « Préfères-tu que maman ou papa te mette au lit ? ». Certains apprécieront la prise d’autonomie et de constater que leurs choix ont des conséquences. Toutefois, les enfants ne sont pas des robots et toutes les situations ne sont pas prévisibles. Vous ne faites pas pour autant mal les choses, il est dans la nature des enfants de tester nos limites, c’est naturel. Parfois la réponse est nécessairement négative : lorsqu’il y a un danger, un évènement en désaccord complet avec nos valeurs, …
Dans certaines situations, on peut essayer de remplacer le non par un « stop ». L’enfant surpris s’immobilisera. Alors que le non est souvent associé à un reproche, avec le stop, le ton est impératif sans être blâmant. N’oubliez pas d’expliquer la raison de votre intervention, c’est capital. Ainsi, le « NON, tu ne touches pas au vase ! » pourra être remplacé par : « STOP, le vase est fragile, il peut se casser et tu peux te faire mal avec les bouts de verres. »
Cependant, gardons en tête que notre premier rôle en tant que parent est de garantir la sécurité physique et psychologique de nos enfants. Ainsi, l’interdiction de ne pas courir dans un parking par exemple est extrêmement importante. Nous ne pouvons « négocier » ou contourner la frustration de l’enfant qui souhaite y courir. Il n’est pas conscient du danger et nous devons lui interdire pour le protéger. De même, l’enfant n’est pas conscient de l’impact de la nutrition sur son organisme et son énergie à dépenser. Nous devons par conséquent prendre certaines décisions à leur place. C’est alors notre rôle de dire non, et surtout de leur expliquer pourquoi. Les pleurs, les cris ne signifient pas que nous agissons mal. Plus tard, ils ressentiront cet espace de sécurité, sur lequel ils peuvent compter en permanence et que nous avons bâti pour eux. Ils se sentiront en confiance pour venir nous
demander des conseils, du soutien ou pour faire leurs propres choix. Alors soyons patients et courageux, nous agissons pour leur bien. Aimer, c’est aussi parfois dire non.